Rapport d’activités 2024

Quelques mois d’attente pour la sortie de ce rapport d’activités 2024 : pourquoi? Je vous avais promis le dépôt de la demande du statut d’organisme de bienfaisance au cours de l’année, alors voilà: mission accomplie! Suite à notre branle-bas de combat, osons espérer une réponse positive à notre demande puisque nous avons besoin du support financier de ceux et celles qui croient en notre mission. Vous le savez, les activités que nous déployons sur le plateau de travail visent d’abord la création de liens significatifs, l’accompagnement et l’épanouissement de jeunes marginalisés, à risque ou aux prises avec diverses dépendances, avec qui il est difficile d’exercer de la pression pour une meilleure productivité et un meilleur rendement; nous priorisons l’individu plutôt que la rentabilité mais à ce rythme, nous risquons de disparaître.

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Alors, encore une fois, merci de votre patience et de votre indulgence. Merci de nous encourager et de croire encore en ce projet parce que, comme vous le verrez, nous sommes encore loin d’avoir assuré notre pérennité. Dans ce rapport, je vous partage tout de même quelques points marquants de l’année 2024.

Activités

Plateau de travail

Nous démarrons toujours au printemps avec quelques activités à l’intérieur, notamment la fabrication de nichoirs pour diverses espèces d’oiseaux et bien sûr, les semis intérieurs. C’est aussi le temps de retourner les tas de compost montés à l’automne pour leur utilisation tout au long de la saison. Par ailleurs, nous poursuivons les mêmes approches sur le terrain que par les années précédentes :

  1. Réhabilitation des sols avec un apport de matières organiques riches en carbone, notamment feuilles mortes et vieilles balles de foin, le transport de ces dernières étant possible grâce au financement accordé par l’Assemblée des Évêques Catholiques du Québec dans le cadre de leur critère de sauvegarde de la maison commune;
  2. Plateau de travail agroécologique et artisanal avec la participation de huit jeunes dont trois salariés cumulant un total d’environ 40 000 $, dont une proportion de près de 60 % était couverte par les programmes fédéraux d’Emplois d’Été Canada et le programme d’emploi et de compétences des jeunes;
  3. Reconstitution des écosystèmes.
    Avec des revenus agricoles en hausse atteignant à peine 17 000 $, la contribution des divers programmes fédéraux et des organismes de bienfaisance représente un soutien majeur pour lequel nous voulons exprimer notre plus grande reconnaissance.

La saison 2024 s’est caractérisée par un printemps précoce et chaud, moins favorable aux cultures exigeant une température fraîche, et encore une fois, par des pluies abondantes et fréquentes, ce qui impacte notre production négativement. En amont, faute d’argent, nous avons dû nous contenter d’une mauvaise qualité de terreau pour nos semis intérieurs au printemps, freinant la croissance des plantules et hypothéquant la reprise au jardin, le tout contribuant à un retard majeur de production. Malgré tout, on a observé les éléments encourageants suivants :

  • Une absorption et un écoulement plus rapides des eaux de pluies torrentielles
  • La présence d’une multitude de petits crapauds dès le début de la saison : gare aux limaces!
  • L’absence notable de la chrysomèle rayée du concombre, donc beaucoup moins de pression sur l’émergence des jeunes plants de cucurbitacées et de dégâts. Est-ce une conséquence à l’épandage massif de paillis sur le sol? À vérifier…
  • Contrairement à l’année dernière, il nous a été possible, malgré les pluies, d’effectuer nos semis d’automne, ce qui a occasionné de bonnes récoltes lors du dernier trimestre et nous a permis de rattraper notre retard sur les ventes par rapport à l’année dernière.
  • Et on a reçu des félicitations pour la propreté de nos jardins! Mais oui, on a toujours des mauvaises herbes, pour nous des adventices, car elles contribuent à la biodiversité et nourrissent nos abeilles; mais nos parcelles de jardins sont joliment encadrées de paillis et propres!
  • Une augmentation des revenus pour les légumes et les produits maraîchers de près de 15 %.

Pas de pronostic pour le jardin pour la saison 2025. Malgré une progression dans notre production et nos ventes, l’amélioration de la qualité de nos sols et leur plus grande capacité à se remettre des écarts climatiques, plus de biodiversité, une plus grande motivation chez les jeunes plus anciens associée à la volonté de participer, voire s’engager pour la réussite de l’organisme, financièrement, on ne s’en sort pas. En fait, je rappelle toujours que notre priorité demeure l’épanouissement des jeunes sur le plateau et leur intégration sociale, le plateau de travail étant un moyen de consolider des liens avec eux pour mieux les accompagner. En principe, on ne devrait nullement se préoccuper de sa rentabilité, les revenus devant provenir d’autres sources. En cela, l’obtention du statut d’organisme de bienfaisance nous serait d’un grand secours.

Trois des jeunes ont manifesté leur souhait de s’enraciner à Val d’Akor, ce qui nous laisse espérer pour le futur une relève pour la continuité de la mission de Val d’Akor. Je déplore toutefois l’absence de jeunes ados sur le plateau de travail, principalement par manque de temps et de ressources pour établir un lien significatif avec eux sur la rue. La municipalité de Lawrenceville m’a interpellée en ce sens et nous comptons y mettre davantage de temps lors des prochaines années. L’apprivoisement des jeunes qui arpentent nos villages exige des contacts réguliers et fréquents afin de créer des liens de confiance.

Outre le plateau de travail, un autre volet cher à Val d’Akor s’intensifie, soit l’accueil, l’écoute et parfois l’accompagnement des personnes qui fréquentent les lieux : jeunes familles, clients, marcheurs-marcheuses sur le Chemin du Québec ou visiteurs. Ces occasions de rencontres favorisent la croissance de tout un chacun et permettent de construire des liens fraternels plus riches.

Grande parcelle

Avec la participation de personnes contrevenantes, des travaux de débroussaillage ont été effectués sur une grande partie des superficies laissées en jachère et nous ont permis d’obtenir une importante quantité de bois raméal fragmenté que nous avons ensuite épandu sur nos jardins comme nourriture pour le sol. Grâce aussi au financement accordé par l’Assemblée des Évêques Catholiques du Québec, nous avons pu acheminer plus de 85 balles rondes de vieux foin sur nos parcelles et l’étendre. Nous espérons ensemencer une petite partie cette année qu’il nous faut au préalable clôturer contre les chevreuils et les ratons laveurs.

Rencontres hebdomadaires

Promesse tenue, ces rencontres entre toutes les personnes intervenant sur le plateau de travail se poursuivent et demeurent très enrichissantes tout en facilitant la cohésion du groupe, la résolution de conflits, l’expression des attentes aux niveaux du travail et aussi personnel. Temps de vérité, de partage, d’encouragement et d’invitation au dépassement, bref, le vécu s’exprime et les échanges parfois intenses mais empreints d’ouverture et de confiance réciproque libèrent les tensions et insufflent un élan collectif pour poursuivre la route.

Portes ouvertes

Tel qu’envisagé l’année dernière, nous avons devancé la date pour les portes ouvertes au 13 juillet afin d’éviter un jardin dévasté par des pluies abondantes, ce qui n’a pas empêché une ondée lors de la visite des jardins mais elle fut de courte durée. Somme toute, les parcelles étaient en meilleure condition cette année malgré les pluies torrentielles. Nous avons accueilli environ une trentaine de personnes dont la moitié était des jeunes avec quelques enfants. Comme l’année dernière, le repas était composé à partir des produits du jardin et cuisiné par des bénévoles.

Un quiz sur les activités de Val d’Akor et son approche agroécologique a été disputé en soirée, les éléments de réponse aux questions ayant été fournis au cours de la tournée du jardin. Aux dires des participants, cette activité a été très appréciée et enrichissante tout en favorisant les interrelations et la fraternité. Toutefois, même si elle était conçue pour permettre la participation des enfants, elle s’est déroulée trop tard pour les intégrer; on devra donc la démarrer plus tôt dans une prochaine édition. Cette activité à l’intérieur des portes ouvertes a suscité beaucoup d’intérêt et s’avère très éducative et inclusive; nous prévoyons la bonifier en 2025 et espérons attirer encore plus de monde à nos portes ouvertes. À l’exception des jeunes familles qui ont quitté tôt, les participants ont quitté vers 22h00.

Marche de l’espérance

Comme à l’habitude, lors d’une journée superbe, le samedi 21 septembre 2024 se déroulait la Marche de l’espérance : plus d’une vingtaine de personnes ont usé leurs souliers auxquelles se sont ajoutés quelques bénévoles pour l’escorte et la préparation du lunch du midi au Parc J.A. Bombardier à Valcourt. Merci aux quelques personnes qui sont venues nous encourager le midi et à tous les bénévoles qui s’impliquent dans l’organisation de cet événement qui nous aura permis de recueillir 3 698,25 $ pour la poursuite de notre mission. Merci aussi à tous ceux et celles qui nous encouragent par leurs commandites.

Hommage à Sydney

Sydney GuillotteAu rassemblement du départ au Parc municipal de Lawrenceville, nous en avons profité pour rendre hommage à Sydney Guillotte pour sa participation assidue à toutes les éditions de la marche depuis 2009, alors qu’il complétait chaque fois le parcours de 30 km. Une plaque commémorative artisanale lui a été remise.

Quelques ennuis de santé au printemps dernier ne l’ont pas empêché d’emboîter le pas avec nous encore cette année; il aura fallu diplomatie et fermeté pour le convaincre d’agir comme co-pilote de l’escorte afin de limiter son parcours à pied. Malgré cette intervention, il a quand même foulé une dizaine de kilomètres de son pas déterminé.

Merci Sydney pour ton soutien fidèle à l’organisme Val d’Akor et ta solidarité envers les jeunes. Ta participation fidèle à la marche m’a personnellement réchauffé le cœur et démontré de façon indéniable ton grand cœur. Ce parcours de 30 km est empreint de ta présence et nul doute que tu chemineras toujours avec nous.

Volet administratif

L’Assemblée générale annuelle s’est déroulée le 13 juillet et couvrait les années financières 2021- 2022 et 2022-2023. Un poste demeurait vacant à cette date mais a été comblé dernièrement par Madame Georges-Marie Dehaut qui possède des compétences en comptabilité, notamment dans le redressement d’entreprises sur le plan financier. Avec son aide, nous espérons trouver et prendre les moyens de poursuivre la route sur le long terme, malgré notre situation actuelle très précaire puisque nous sommes toujours sur la route mais à quel prix! L’année 2025 sera déterminante quant à la réussite ou à l’échec du projet, ne nous le cachons pas.

Nous accusons chaque année un déficit autour de 15 000 $ et comme je le mentionnais précédemment, on ne devrait pas avoir à exercer de la pression sur la productivité et la rentabilité du jardin maraîcher puisque le plateau de travail ne constitue pas une fin en soi mais bien le moyen que nous privilégions pour établir des liens significatifs avec des jeunes aux prises avec divers obstacles et dépendances qui les marginalisent et signent leur exclusion aussi bien sur le marché de travail que social. L’accompagnement de chacune de ces personnes exige beaucoup de temps puisque tout un passé issu d’un milieu familial et social dysfonctionnels ne se balaye pas d’un revers de main d’une part, et que, d’autre part, nous sommes confrontés comme intervenants à nos propres limites et interventions pas toujours appropriées. Démarche de croissance réciproque, va sans dire!

Suite à un suivi d’un sondage organisé par le CETAB sur les besoins des petites entreprises maraîchères en services-conseils en gestion, nous avons reçu des félicitations quant à notre façon de comptabiliser nos données à partir de nos fichiers EXCEL même s’il y a encore place à l’amélioration notamment pour la transcription des dépenses; bref, nous n’avons pas besoin de dépenser pour des services-conseils. Bonne nouvelle! En effet, à partir de notre budget de caisse, il est possible d’analyser notre situation financière de jour en jour et faire les changements et démarches nécessaires pour équilibrer le budget, ou constater qu’on n’y arrive pas malgré tous les efforts déployés en ce sens. Mais on se trompe en accentuant la pression sur la productivité au jardin pour remédier à la situation, puisqu’on crée par le fait même des tensions et beaucoup de stress.

Très souvent, les gens font des éloges sur notre mission, nos valeurs environnementales, sociales et humaines et nous confirment la nécessité d’un tel engagement auprès des jeunes et des personnes victimes d’injustices sociales et, conséquemment, souvent appauvries. Nous n’avons toutefois pas le support financier suffisant. Bien sûr, les revenus issus des programmes de financement fédéraux, des dons de particuliers, d’entreprises et d’organismes de bienfaisance contribuent de façon majeure à la poursuite de nos activités : mille mercis!

L’impossibilité jusque-là d’émettre des reçus pour fins d’impôts joue en notre défaveur; suite au dépôt de notre demande, obtiendrons-nous le statut d’organisme de bienfaisance? Nous osons l’espérer mais rien n’est acquis!

Perspectives d’avenir

L’année financière 2024-2025 est déjà bien amorcée. Un don imprévu de 10 000 $ de la Société des Missions Étrangères pour l’achat d’une tondeuse-broyeuse à fléaux permettra de déchiqueter de la biomasse directement sur nos sols et d’agrandir ainsi nos superficies cultivables. Le projet de sociofinancement amorcé à cet effet devient inutile mais nous envisageons sérieusement la possibilité de lancer un autre projet sur la plateforme La Ruche, cette fois-ci en sollicitant le partenariat avec le Fonds ImpActe pour développer les volets ressourcement et biodiversité ayant trait aux enjeux sociaux et environnementaux. En rappel, outre le plateau de travail pour les jeunes, le projet initial de Val d’Akor dans son ensemble prévoyait aussi la réalisation d’un lieu propice à la réflexion, au recueillement et à la détente offrant à toute personne désireuse de se ressourcer de trouver des réponses à ses questions existentielles à partir d’un contact avec la nature et d’un accompagnement, de retrouver son identité profonde, de se recentrer sur l’essentiel ou, tout simplement de se reposer. Depuis les débuts, nous adoptons et déployons une approche agroécologique en expérimentant des alternatives pour augmenter notre résilience aux changements climatiques; nous profitons des portes ouvertes pour sensibiliser la population non seulement à nos actions auprès des jeunes mais aussi à l’importance de se soucier de notre environnement et à adopter des comportements écoresponsables.

Conclusion

Nous sommes fous…trop fous! À voir trop grand, on risque évidemment de tout perdre. Mais n’est-il pas vrai que de plus en plus de jeunes – et moins jeunes – se débattent pour donner un sens à leur vie, découvrir leur identité véritable et leur passion? Qu’à défaut de trouver une réponse à leur mal-être, ils se réfugient derrière la consommation de substances illicites, de plaisirs futiles, voire de travail à outrance ou au contraire d’un laxisme frôlant la démission. Malgré bien des sceptiques, ne constatons-nous pas multitude de dérèglements, aussi bien climatiques que sociaux? Devons-nous demeurer les bras croisés, impuissants devant tant de dysfonctionnements, attribuant la responsabilité de ces injustices aux autres? Ou attendre d’avoir de l’argent pour agir? Nous préférons oser l’impossible que de ne rien faire…

Quelques jeunes ont compris et désirent s’enraciner et s’engager; des organismes, des communautés, des entreprises et des particuliers nous soutiennent financièrement ou bénévolement selon leurs aptitudes et leurs capacités. C’est avec une profonde gratitude que je tiens à remercier chacun, chacune de vous, sans qui nous ne serions plus là.

Nous croyons toujours que ce projet est issu du cœur de Dieu et qu’il veillera à pourvoir au nécessaire tant qu’il le voudra. Il passe évidemment par chacun, chacune de vous et il nous donne la force de continuer dans la certitude que ce n’est pas en vain. En plus des légumes, nous osons cultiver…l’espérance, cette vertu qui nous permet de posséder déjà ce en quoi on espère!

Cécile Delisle
17 mars 2025