Val d’Akor

Je ferai du Val d’Akor une porte d’espérance (Os. 2, 17)

Développement intégral de la personne à partir d’une approche agroécologique

Le but du projet vise d’abord à accueillir des jeunes et à leur offrir un lieu d’écoute, de travail et de vie communautaire afin de favoriser leur développement intégral et de les accompagner dans la prise en charge de leur vie vers une plus grande autonomie affective, vers plus de liberté intérieure et dans la découverte du sens de leur vie.  Il se veut aussi un lieu propice à la réflexion, au recueillement et à la détente permettant à toute personne désireuse de se ressourcer de trouver des réponses à ses questions existentielles à partir d’un contact avec la nature et d’un accompagnement, de retrouver son identité profonde, de se recentrer sur l’essentiel ou, tout simplement de se reposer.

Nous voulons adopter une approche agroécologique pour cheminer avec ces jeunes et bâtir une relation de confiance mutuelle avec eux tout en leur permettant de découvrir la présence de Dieu dans leur vie, en respectant leur cheminement personnel.

Outre l’intention première de travailler au développement intégral de la personne, prioritairement des jeunes en quête de sens et désireux de découvrir leur identité profonde, ce projet s’inscrit dans une perspective de lutte aux changements climatiques en voulant recréer des écosystèmes axés sur la biodiversité et promouvoir la  production d’aliments sains pour la santé à partir d’une empreinte écologique minimale.  Il veut par ailleurs proposer des éléments de réponse au mal de l’âme de notre temps en favorisant un contact harmonieux avec la nature, un espace pour la vie intérieure et l’écoute des personnes blessées et souffrantes.  Il veut soutenir la mise en place d’un réseau d’entraide et de fraternité suscitant chez les membres un sentiment d’appartenance et de  solidarité.  Par son orientation vers l’agroécologie, il propose non seulement des moyens d’atteindre la souveraineté alimentaire mais aussi une répartition juste et équitable des ressources selon les besoins de chacun.

CLIENTÈLE : 

Toute personne désireuse de se ressourcer et de découvrir son identité profonde sera la bienvenue.  Toutefois, le volet travail et accompagnement vise principalement les jeunes âgés entre 12 et 25 ans, notamment ceux ayant une faible estime d’eux-mêmes, éprouvant des difficultés d’adaptation sociale, à risque de dépendance à la drogue et à l’alcool et parfois en lutte contre des idées suicidaires.

OBJECTIFS :

Le projet vise principalement la création d’un milieu de vie et de travail communautaire sur une petite ferme pour vivre la spiritualité de l’Arche de Jean Vanier axée sur l’importance du «être avec», du « faire avec», en réponse aux besoins de guérison intérieure et de quête de sens et de vérité des personnes accueillies.  Nous voulons exercer la primauté sur la personne d’abord, les activités proposées constituant des moyens pour bâtir une relation signifiante et de confiance avec les personnes accueillies. Pour ce, nous voulons prioriser si nécessaire les besoins de présence, d’écoute et de soutien de l’individu sur la rentabilité, la production, l’efficacité dans le travail, tout en maintenant des exigences et une discipline de vie nécessaires à la bonne marche du projet.

Ce projet propose des activités à caractère manuel, principalement du maraîchage, susceptibles de stimuler le jeune à poursuivre sa formation scolaire, à découvrir ses talents et à retrouver confiance en lui-même.  Durant la saison hivernale, des activités à caractère artisanal pourront être développées en tenant compte des intérêts et des talents des personnes impliquées (peinture, tissage, couture, travail du bois, bricolage…).

Il nous apparaît important de prendre le temps de bâtir une relation de confiance avec le jeune, de porter constamment un regard neuf sur lui et de croire en ses capacités de croissance humaine et spirituelle, l’incitant ainsi à s’ouvrir davantage sur son vécu et nous permettant alors de l’accompagner dans l’intégralité de son cheminement de vie.

Le projet vise l’autonomie financière et  diverses activités principalement à caractère agricole sont priorisées. La pérennité du projet reposant sur l’implication d’un vaste réseau de personnes, nous voulons produire suffisamment de légumes et de produits de la ferme pour répondre le plus possible aux besoins annuels des résidants et de tous les membres impliqués (principe de souveraineté alimentaire) de même que pour la vente de proximité à petite échelle.  Pour arriver à répondre aux besoins du milieu, nous espérons travailler en complémentarité avec d’autres producteurs biologiques et susciter éventuellement la création d’un réseau de ventes.

À partir de ses différentes activités, le projet veut ainsi offrir de l’emploi à des jeunes exclus  du milieu de travail ou marginalisés et démontrant un intérêt marqué pour les activités proposées afin de leur permettre de retrouver leur confiance en eux-mêmes, leur motivation au travail et des attitudes les rendant aptes à réintégrer leur milieu de vie.  Il pourrait aussi par ailleurs soutenir des personnes ou des familles appauvries intéressées par le partage, la fraternité et un mode de vie simple.  D’où la nécessité de tisser des liens de confiance entre les individus de façon à encourager les échanges de services et le partage avec  les plus démunis.

MOYENS :

À partir de moyens axés sur l’agroécologie, nous voulons expérimenter une alternative agricole permettant d’accroître la biodiversité, de reproduire ou recréer des écosystèmes équilibrés pouvant augmenter la résilience face aux changements climatiques, de limiter le ruissellement tout en produisant des aliments sains et variés à partir d’une empreinte écologique minimale.  Il nous apparaît alors important de diversifier la gamme des produits offerts, d’appliquer les règles du compagnonnage et de la permaculture et de contribuer à la préservation des semences.

Pour atteindre nos objectifs face à l’environnement, il nous faudra effectuer la majorité des travaux agricoles, maraîchers et journaliers, à partir de moyens manuels ou à caractère artisanal. Nous souhaitons utiliser uniquement des méthodes et des produits respectueux de l’environnement. Toutefois, l’intervention de grosse machinerie sur les parcelles sera nécessaire à quelques reprises durant l’année afin de les maintenir en bonne condition, du moins jusqu’à l’établissement d’écosystèmes équilibrés. Nous voulons opter pour une agriculture de conservation, minimisant le travail du sol, notamment par l’utilisation de couvertures végétales et par la méthode de semis directs.

Pour amender nos sols, nous prévoyons la fabrication de compost artisanal de même que l’utilisation de purins que nous fabriquerons.  Certains de ces derniers serviront aussi pour le contrôle des maladies et des ravageurs.  Nous espérons aussi pouvoir mettre à contribution tous les organismes et micro-organismes du sol pour sa restructuration et son enrichissement, notamment à partir d’un travail minimal du sol et de l’utilisation de couverts végétaux vivants ou inertes.

Par ailleurs, il sera important d’établir un bon réseau de soutien afin de subvenir aux différentes tâches inhérentes à la bonne marche du projet.  Parmi celles-ci, soulignons la transformation et la conservation des aliments, de façon à assurer un approvisionnement sur une longue durée, de même que la mise en marché des produits.

Durant la saison hivernale, nous proposerons diverses activités manuelles  essentiellement à caractère artisanal en tenant compte des intérêts et des talents des personnes impliquées de façon à stimuler les jeunes encore à l’école à la persévérance  scolaire.  Nous désirons encourager toute initiative personnelle en accord avec les orientations et les objectifs du projet.

Dans un autre ordre d’idées, nous espérons pouvoir offrir des sessions de croissance  personnelle à partir des symboliques de l’argile et de la fabrication de compost.

Il sera important d’équilibrer les tâches journalières de travail et de permettre des temps de repos, de loisirs et de ressourcement.  Nous voulons prendre le temps de célébrer tout événement important et de donner du sens à la fête afin de susciter un sentiment d’appartenance chez les personnes impliquées.

Finalement, si l’ensemble du projet se développe bien, nous portons le rêve de promouvoir à long terme des échanges internationaux en accueillant des jeunes d’autres pays et en permettant à des jeunes d’ici d’aller ailleurs de façon à partager des expériences et à alimenter des sentiments de solidarité issus de l’entraide mutuelle.

Nous espérons mettre en œuvre tous ces moyens en portant le souci de la beauté et du travail bien fait.  Les membres de l’équipe devront porter les mêmes valeurs et se laisser constamment interpeller et remettre en question.  Il sera important pour eux de se ressourcer régulièrement, d’être accompagnés sur une base régulière et de se donner des moments de partage et de recueillement ensemble.  S’ajoute aussi la nécessité de vouloir cheminer vers une plus grande capacité d’amour inconditionnel et d’en être les témoins.

VOLETS :

Ce projet présente trois volets d’intervention : un volet accueil et écoute offert à toute personne en ressentant les besoins; un volet travail ciblant principalement des jeunes en quête de sens et de vérité et finalement un volet communautaire rassemblant toutes les personnes impliquées dans le projet et qui désirent bâtir ensemble une fraternité d’entraide.

JUSTIFICATION DU PROJET :

Nous vivons dans une société qui prône l’individualisme, chacun cherchant à satisfaire ses besoins propres.  La cellule familiale est très souvent brisée, laissant les enfants à eux-mêmes ou sous la garde de l’un ou  l’autre des parents.  Ce dernier doit travailler pour subvenir aux besoins matériels de la famille et les enfants sont alors confiés à une garderie ou à une tierce personne chargée de veiller sur eux.  En général, tous les besoins matériels de l’enfant sont satisfaits (encore que la pauvreté augmente énormément dans notre société, privant certaines familles du nécessaire) mais la référence affective s’amenuise au rythme des placements, des personnes-références mouvantes, des ruptures obligées.  D’autres familles sont caractérisées par la consommation de drogues, d’alcool par l’un ou l’autre des parents si ce n’est les deux, par la présence de violence ou d’abus de toutes sortes.

La dislocation de la cellule familiale, la consommation de plus en plus importante d’alcool ou de drogues par l’un ou l’autre des parents, les abus sexuels, l’emphase sur la nécessité d’acquérir des biens matériels, l’endettement familial, l’obligation pour les deux parents d’être sur le marché du travail, l’effritement de la grande famille, la perte de références religieuses, tous ces facteurs et encore bien d’autres contribuent à créer un environnement pauvre en références affectives significatives.  Ajoutons à cela la dépersonnalisation à l’école.  Des jeunes se coupent alors du tissu social et familial et se marginalisent.  Pour plusieurs d’entre eux, leur existence est vaine et la vie a perdu son sens.

D’autre part, nous vivons dans une société de surconsommation obligeant l’exploitation des ressources naturelles de notre planète défiant les capacités de régénérescence de celle-ci.  La dégradation de la Terre, tout en ayant des répercussions sur chacun de ses habitants, touche davantage les personnes appauvries ici et ailleurs dans le monde.  Il nous semble urgent d’adopter des modes de vie plus respectueux de l’environnement et de contribuer dans la mesure du possible à redonner vie à notre planète.  Nous croyons que l’agroécologie apporte une réponse adéquate à cette situation et redonne la place à la petite agriculture et aux savoirs des petits paysans.

Par ailleurs, inutile de s’attarder sur l’absence  de référence religieuse dans notre société.  Les jeunes grandissent dans un monde sans Dieu. Leur quête de sens est sans réponse.  Les enseignements donnés dans le passé ne trouvent plus écho dans leur monde de plus en plus virtuel, axé sur des relations souvent éphémères et superficielles.  Comment peuvent-ils y découvrir la présence d’un Père aimant et miséricordieux?  N’ont-ils pas besoin de cheminer avec des témoins capables de leur révéler le visage de Dieu dans leur vie et de découvrir ainsi leur vrai visage de fils et filles de Dieu?

Ce projet s’adresse donc tout particulièrement à ces jeunes et moins jeunes marginalisés d’une manière ou d’une autre.  Nous croyons que les facteurs suivants peuvent les aider à grandir, à retrouver un sens à leur vie et à s’épanouir :

  • La nature est par elle-même apaisante et vivifiante.
  • Le contact avec la terre nous ramène à notre être profond, nous resitue avec l’essence de notre être.
  • La relation avec les animaux de la ferme est non-menaçante et très gratifiante sur le plan affectif.  Elle initie et constitue souvent une étape nécessaire au rétablissement d’une relation de confiance avec une personne.   Elle permet par ailleurs de répondre – de pallier – aux besoins affectifs du jeune et d’ouvrir la porte aux confidences.  Elle constitue un lieu d’expression et d’épanchements des sentiments et des émotions.
  • La participation à la fabrication de compost propose un lieu d’identification susceptible de changer le regard du jeune sur lui-même (passant de l’image du déchet nauséabond à l’image d’un amendement d’agréable odeur, source de vie).
  • L’option de travaux manuels plutôt que mécanisés peut contribuer selon nous à donner une cadence de travail davantage en harmonie avec soi-même.  La simplicité des travaux effectués manuellement et les résultats obtenus permettent d’accroître l’estime de soi, la confiance en ses capacités et la valorisation personnelle.
  • La vie communautaire recréera une ambiance familiale dans laquelle la vie au quotidien pourra devenir un lieu de guérison moyennant le souci chez chaque membre de l’équipe d’adopter une attitude d’accueil et de compréhension.
  • Ce souci de croire inlassablement dans l’autre aidera à porter un regard neuf sur chaque personne accueillie l’invitant ainsi à découvrir sa  beauté et à faire renaître en elle ses capacités d’aimer et d’être aimée.
  • La vie de prière sous toutes ses formes, tout en étant facultative pour les personnes accueillies, offrira la possibilité d’une intériorisation et guidera le jeune ouvert à une démarche spirituelle vers la découverte de son identité d’enfant de Dieu.
  • La diversité des activités proposées favorisera la découverte et la mise au service de la communauté des dons et talents de chacun,  offrant alors la possibilité à chacun de trouver et de prendre sa place.

ACTIVITÉS :

La liste des activités suivante n’est pas exhaustive mais donne un aperçu des particularités de la ferme.  Rappelons que le but premier n’est pas la production et la rentabilité mais bien de fournir  des moyens concrets d’accompagner des jeunes dans leur développement intégral en établissant une relation significative avec chacun d’eux.  Ils pourront donc participer à l’une ou l’autre des activités suivantes :

  • Culture maraîchère et céréalière
  • Culture de petits fruits et vergers
  • Fabrication de compost
  • Petit élevage de différents animaux : poules, poulets de grain, canards, lapins, porcs, chèvres, moutons, ânes ou autres.  La diversité dans le choix des animaux et leur petit nombre permettront aux jeunes de prendre soin de leurs animaux favoris.  Une ferme est d’ailleurs d’autant plus attrayante qu’elle propose de la diversité.  Bien sûr, des problèmes peuvent survenir lorsque plusieurs espèces d’animaux sont abritées sous un même toit; il s’agira alors de demeurer très vigilants quant à la propreté des lieux et à l’hygiène générale.  Des aménagements appropriés préviendront bien des désagréments même si leur construction peut s’avérer plus onéreuse.
  • Construction des enclos et cages nécessaires pour l’élevage de petits animaux.
  • Entretien des bâtiments, de la maison  et du terrain.
  • Aménagement paysager
  • Construction de châssis froids et d’une serre solaire
  • Mise en pots  et transformation des légumes pour la conservation
  • Aménagement d’espaces intérieurs et extérieurs propices à la détente.
  • Activités artisanales : travail du bois (nichoirs, boîtes à fleurs,…), couture, fabrication de cartes, … selon les intérêts et les talents.
  • Expérimentations diverses pour reconstituer des écosystèmes.
  • Organisation de la vie communautaire: fêtes, célébrations, cuisine, loisirs.

Les jeunes pourraient choisir l’une ou l’autre des activités pour s’impliquer.  Toutefois, suivant les besoins de la ferme, des tâches communautaires seraient à l’ordre du jour pour lesquelles tous les membres disponibles de la communauté seraient appelés à participer.

PRIORITÉS POUR LA MISE EN MARCHE DU PROJET :

Plusieurs aspects de ce projet ont été amorcées depuis 2008 à Lawrenceville sur des parcelles de terrain prêtées mais tant que nous ne disposions pas de notre propre ferme, les efforts menaient à des résultats mitigés et souvent décourageants. À l’automne 2016, nous avons ciblé une fermette à vendre à Lawrenceville et nous avons priorisé toutes les démarches pouvant conduire à l’acquisition de cette ferme. L’acte de vente a finalement été signé le 13 juillet 2017.  La municipalité de Lawrenceville reconnait déjà le travail accompli auprès des jeunes et nous travaillons actuellement sur la consolidation d’un réseau de soutien du projet, ce dernier ne bénéficiant d’aucune subvention.